Le songe du chanoine

Posted on : 15-01-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Ce soir-là, le président Nicolas était soucieux. Il se tournait et retournait sur la couche conjugale et élyséenne en proie à de sombres préoccupations. Il croyait que ses sujets se détachaient de lui, et les derniers sondages donnaient du poids à ses craintes. Vers une heure du matin, il réveilla sa femme : “Ma brave Carla, donne-Moi un somnifère ! (depuis quelque temps, il se parlait en majuscules)
-Tiens, mon poulet !”
Elle lui introduisit amoureusement dans les oreilles les écouteurs d’un lecteur MP3, où on avait enregistré l’intégrale de son dernier récital. Dès les premières notes, le chanoine s’endormit.
La vie redevint belle. Avec son secrétaire général Monsieur Claude, Madame Christine la Pieuse, celle de la Ville et des SDF (choisie pour ses accointances pontificales), le chef du protocole de l’Élysée, et un émissaire spécial de Monsieur Benoît du Vatican, Monsieur Nicolas prépara son sacre. Il pensait ainsi reconquérir auprès de son peuple l’amour, voire l’adoration qui lui étaient dûs. Madame Christine, celle de la Finance, débloqua les crédits. Monsieur Bernard, celui qui se croyait le grand vizir de la diplomatie, papillonna un peu entre Paris et Rome. Monsieur Eric, celui qui remplaçait Monsieur Brice, expulsa à tout hasard quelques indésirables.
Monsieur le président Nicolas récusa Reims comme lieu du sacre, cet endroit n’avait pas porté chance à Madame Ségolène. Il n’était pas superstitieux, mais on ne sait jamais.
Finalement, on choisit la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, où l’impétrant occupait déjà les fonctions de chanoine honoraire.
La cérémonie fut superbe. Monsieur Nicolas, abandonnant son short de jogging, avait passé une cape en hermine sur un complet de Giorgio Armani. Monsieur Benoît, suivi de Monsieur Silvio Berlusconi (qui attendait son tour), s’avança vers lui, portant à bout de bras une couronne de chez Cartier.
“Ach ! Mon cher fils et estimé chanoine, je vais te faire le roi de la fille aînée de mon Eglise !
-Pas de ça, Benoît, s’écria le chanoine, Mon pouvoir ne vient que de Moi !”
Répétant le geste de feu Napoléon Premier lors de son propre sacre face au pape Pie VII, il se saisit de l’objet pour en ceindre son beau front.
La couronne, lui échappant des mains, tomba.

Le bruit réveilla le chanoine. Il vit alors le peuple, hérissé de drapeaux rouges, réclamant du travail, des salaires, de la démocratie. Et ça, ce n’était plus un songe.

Jacques FRANCK 15 janvier 2009

Le plan social

Posted on : 25-11-2008 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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L’Entreprise se trouvait en proie à des difficultés. Pourtant, le travail ne manquait pas. Les salariés étaient confortablement payés, en espèces et en nature. Ils semblaient satisfaits de leurs emplois et ne s’en plaignaient jamais. Les clients et les actionnaires (c’était les mêmes), eux, se plaignaient beaucoup. L’entreprise avait son siège principal dans le huitième arrondissement de Paris mais son activité s’exerçait en plusieurs sites décentralisés de la capitale suivant les spécialités.
De mois en mois, les performances de l’Entreprise s’enfonçaient dans la médiocrité. Les actionnaires et la clientèle manifestaient leur colère. Il n’était plus tolérable de supporter le mépris, l’avidité, l’arrogance de la trentaine de personnages qui faisaient si mal tourner la boîte.
Un jour, les soixante millions de clients et d’actionnaires qui subventionnaient l’Entreprise décidèrent de mettre un terme à cette catastrophe. S’en abstinrent toutefois quelques milliers de personnages qui, à l’abri de leur bouclier fiscal, se trouvaient bien de la situation.
Les représentants de la majorité du peuple, suivis d’une foule immense arborant des drapeaux CGT, FO, CFDT, PCF et autres pieuses organisations, se présentèrent chez le PDG, rue du Faubourg Saint-Honoré, au lieu dit “L’Élysée”. Ils signifièrent au locataire principal son expulsion et le licenciement de tous ses collaborateurs. Un plan social fut prestement élaboré, ménageant les intérêts de tous et assurant une reconversion immédiate en fonction des compétences (ou incompétences) de chacun.
-Le président Nicolas sera délocalisé à Rome, afin d’y exercer ses fonctions de chanoine à temps plein.
-Madame Christine (Lagarde) bénéficiera d’un stage d’arithmétique élémentaire dans une école du douzième arrondissement, près de Bercy où elle a tant nui.
-Madame Rachida ira se perfectionner dans l’art de la magistrature en balayant le tribunal d’instance de Chalon sur Saône. Elle sera toutefois autorisée à effectuer quelques vacations de mannequin auxiliaire chez Christian Dior.
-Madame Christine (Boutin), entrera au couvent.
-Monsieur Bernard (Kouchner) pose problème. Trop dépassé pour exercer la médecine, trop nul pour faire carrière dans la diplomatie, il sera condamné à passer le reste de ses jours en compagnie de son épouse, madame Christine (pas la même que les précédentes). Il aura le droit, vu ses antécédents dans l’humanitaire, de porter des sacs de riz sur l’épaule au profit des peuples émergents.
-Monsieur Xavier (Darcos) apprendra à changer les couches-culottes des petits enfants d’une maternelle.
-Madame Roselyne (Bachelot), ne sachant rien faire, ne fera rien.
- Même motif, même affectation pour Monsieur Jean-Louis (Borloo).
-Madame Fadela Amara enseignera la “glandouille” aux jeunes et aux vieux des banlieues.
-Monsieur Hervé (Morin), faux spécialiste des choses militaires, nettoiera les latrines des casernes
Enfin Madame Michelle (Alliot-Marie), elle, restera au Ministère de l’Intérieur, affectée à la circulation au coin du boulevard Haussmann et de la rue Lafayette.

Et le peuple ? il pourra enfin s’occuper de ses affaires.

Jacques FRANCK 25 novembre 2008

Conte oriental

Posted on : 30-12-2007 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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La petite Carla, alléguant une forte migraine, ne souhaita pas remplir les devoirs de sa charge envers son Seigneur. Tant pis, se dit Monsieur Nicolas, pour une fois je ferai autre chose. Faute de mieux, il se contenta d’enfiler un short. Puis il siffla son Vizir des Affaires Étrangères : “Bernard ! Au jogging !”
Le Vizir s’extirpa du lit qu’il partageait avec Madame Christine, son épouse, dans une soupente de la villa appartenant à Monsieur l’Emir d’Abou Dabi et que cet homme de bien mettait à la disposition de la République Française. Il se présenta au garde à vous devant Monsieur Nicolas. ” Ah ! Mon Maître ! J’ai soixante-huit ans, je me fais vieux ! Et j’ai tellement mal au dos à force de me courber ! Le sport, ce n’est plus pour moi !”
Monsieur Nicolas fronça les sourcils. “J’ai dit : Bernard, au jogging ! Ne me force pas à appeler Madame Rachida à Paris !” A cette évocation, le Vizir blêmit : ” Non, Maître, non ! Tout mais pas ça !”
Les deux hommes coururent au petit trot à travers les rues animées de Sharm el-Cheikh. Ils défilèrent devant les boutiques de cartes postales, de djellabas, de narguilés, de chameaux en peluche, d’accessoires de plongée.
Une petite soixantaine de policiers les entouraient discrètement.
Soudain, un photographe non accrédité osa fixer ce beau spectacle sur la pellicule. Les gardiens de l’ordre eurent raison de l’intrus et l’assommèrent.
“Tu vois, Bernard, commenta Monsieur Nicolas, dans ce pays, on connaît la valeur du sport et on sait protéger la vie privée !”

(Histoire vraie)

Jacques FRANCK 30 décembre 2007