Jésus, Pâques et Benoît XVI

Posted on : 23-03-2010 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Pâques par Jacques Franck.

Conformément à l’usage, Monsieur Jésus ne manqua pas de ressusciter le dimanche de Pâques. Une si vieille habitude commençait à le fatiguer. La répétition des miracles et des rites émoussait un peu plus chaque année une foi qui, à vrai dire, n’avait jamais vraiment brillé d’une ferveur comparable à celle de ses adorateurs et apparatchiks. Les cloches, les œufs, les poissons en chocolat ne l’émerveillaient plus. La pieuse agitation des prêtres, prélats et chanoines autour de ce miracle récurrent l’irritait. Surtout celle d’un des chanoines de Saint-Jean de Latran, dont l’arrogance, l’immodestie, l’autoritarisme, le mépris des pauvres allaient à l’encontre des principes pour lesquels lui, Jésus, avait milité dans sa vie active.

Mais une corvée lui pesait plus que tout. A peine sorti de son suaire, il devait faire une visite de politesse à Monsieur Benoît. Nous savons que ce vieillard au passé douteux exerçait le métier de pape, et qu’à ce titre il avait la haute main sur les affaires spirituelles des adeptes de Monsieur Jésus. Nous savons aussi qu’il en usait mal, et qu’il profitait de ce pouvoir pour se mêler de la vie intime de ses assujettis (et des autres) et édicter des préceptes et des interdits justement impopulaires chez les femmes et les hommes de son temps. Nous savons enfin que les deux hommes, le petit juif et le vieux teuton, ne s’aimaient guère.

” Ach !” dit Monsieur Benoît en avalant un petit coup de schnaps, “Te voilà de nouveau ! Tu viens encore répandre ta propagande rouge chez les naïfs et les exhorter à la désobéissance civique ! Ach ! Quand nous laisseras-tu faire régner la vraie religion, celle des seules valeurs qui comptent, l’obéissance, le mérite et la résignation des uns, la richesse des autres ?”,

” Putain !” rétorqua Monsieur Jésus, “C’est quoi, tes valeurs et celles de tes amis ? La misère, l’exploitation, la guerre, le chômage, les inégalités, la chasteté obligatoire – sauf pour les prêtres pédophiles – l’exaltation et la béatification des anciens nazis ? Et j’en passe ! Putain j’en ai marre, je démissionne ! ”

Et Monsieur Jésus se défroqua.

Jacques FRANCK 23 mars 2010

Eugenio Pacelli, dit Pie XII, le pape qui dérange

Posted on : 21-12-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Le vénérable collaborateur par Jacques Franck.

Monsieur Benoît, pape d’une chrétienté qui se passerait bien d’un tel chef spirituel, se réveilla samedi matin en proie à une nostalgie inhabituelle. Une amertume remonta de son subconscient (et de son estomac : il avait un peu forcé sur la choucroute la veille).
“Ach ! Où est-elle ma belle jeunesse ? Il est donc passé, le joyeux temps où je défilais en bel uniforme noir, un beau brassard au bras droit, en chantant de mâles chants aryens. Ach ! Que sont mes amis devenus, comme disait mon chef l’Obersturmbannführer Rutebeuf ? Où sont-ils, les Hermann, les Josef, les Adolf et les Heinrich ? Où sont-ils, donc ? Ach ! Faute de pouvoir faire revivre ces braves, je vais frapper un grand coup (de goupillon) et magnifier la mémoire d’un de leurs plus dévoués amis ! Putain ! On va voir de quel bois je me chauffe ! Ach !”
Le Saint-Père n’eut pas à chercher bien loin. Il nourrissait une grande amitié posthume pour son prédécesseur Eugenio Pacelli, plus connu sous son nom de scène, Pie XII. Ce pontife exerça de 1939 à 1958.
En ces temps troublés, il ne manqua pas une occasion de manifester sa sympathie discrète mais active aux amis de Monsieur Benoît, alors gamin en culottes courtes de la Hitlerjugend. Jamais Eugenio ne hurla avec les loups de la démocratie. Jamais il ne protesta contre les exterminations des minorités non aryennes.
Un tel courage méritait bien une récompense. Et Monsieur Benoît, digne successeur de feu Monsieur Pie XII, éleva ce dernier à la dignité de Vénérable. Dernière étape avant la béatification.
Ach !

Jacques FRANCK, le 21 décembre 2009

Les cadeaux de Saint-Nicolas

Posted on : 03-12-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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L’usurpateur (conte religieux) par Jacques Franck.

Le samedi 5 décembre, le vieux Saint-Nicolas se leva de bonne heure, fit quelques pompes pour se mettre en forme, se livra à une toilette succincte, et prépara sa tournée annuelle. Il remplit sa hotte et le coffre de son véhicule de jouets et de confiseries, vérifia la mise à jour du listing de ses clients, et rendit une visite de politesse à Dieu, son employeur. “Méfie-toi, lui dit le patron, cette année tu vas avoir des problèmes. Ton titre est contesté par un petit mec arrogant, qui se prétend le seul Saint-Nicolas ! il semble même qu’il se fait quelquefois passer pour Moi !”
Le saint, qui en avait vu d’autres, ricana dans sa barbe et entreprit sa descente sur la Terre. Il distribuerait sa cargaison de cadeaux aux gamins en temps et en heure. Quant à l’imposteur, il n’aurait qu’à numéroter ses abattis!

A son atterrissage, le véhicule fut intercepté par une escouade d’anges vêtus de cuir, armés de flash-balls et de tasers. Il crut reconnaître les séides de Saint-Brice, le maître des polices terrestres. “Votre permis et les papiers du véhicule ! Ouvrez le coffre, sortez, mettez les mains sur le toit de la voiture ! Laissez-vous fouiller, sinon…” Le spadassin caressa amoureusement la crosse de son taser.
Son supérieur expliqua. “Le vrai Saint-Nicolas, c’est pas toi, tronche de pou ! Le vrai, il ne donne pas de poupées à la gomme ni de pain d’épices de merde ! Le vrai, le nôtre, il couvre les bons, les riches, d’un épais bouclier fiscal ! Il soulage les pauvres patrons en leur épargnant une taxe professionnelle impie ! Charitable et généreux, il sort de sa hotte (c’est à dire de la poche des gens) des milliards d’euros pour consoler les banquiers qui ont eu des frayeurs nocturnes ! Il n’encourage pas les tire au flanc qui se prétendent malades et leur fait payer de justes franchises sur leurs soins ! Il rétablit la Justice, la vraie, en taxant ces flemmards d’accidentés du travail qui se gobergent sans payer d’impôts ! Bref, le vrai Saint-Nicolas répand les seuls bienfaits qui vaillent, ceux qui nourrissent le CAC 40 !” A l’appui de sa démonstration, l’ange glissa une contravention de 35 euros pour stationnement interdit sous le pare-brise de Saint-Nicolas.

Celui-ci mit le cap sur le Vatican et alla se plaindre à Monsieur Benoit.
- Mon cher Pontife, on me traite mal. Les anges de ce voyou de Saint-Brice me jettent dans les pattes un usurpateur, un soi-disant Nicolas, qui…
-Ach ! Grand Saint ! Bois un petit coup de ce schnaps, que je fais venir de Munich, et écoute-moi. Mon cher et vénéré ami Nicolas (il se signa avec effusion) ne saurait être un usurpateur. Il agit pour le bien de son peuple, de notre Religion et des riches. Ces malheureux ne pourraient pas plus entrer dans le Royaume des Cieux qu’un camélidé passer par le trou d’une aiguille. (Matthieu, 19-24) Ils méritent bien une petite compensation.
-Pape, il est bon, ton schnaps. Mais…
- Grand Saint ! Tu me déçois. Je vois bien, hélas, que ce n’est pas de toi que l’on peut attendre des réformes et que ta compréhension des choses de la vie est aussi poussiéreuse que ta barbe d’opérette. Le vrai Nicolas, le respectable, celui que j’aime, il est, lui, chanoine de Saint-Jean de Latran !”
Le Pontife se signa d’une main et avala encore un petit coup de schnaps de l’autre.

Le bon Saint-Nicolas, désemparé, regagna ses pénates célestes et jeta un œil sur Facebook afin de se renseigner sur les véritables valeurs de notre temps. Les gamins terrestres n’eurent pas leurs cadeaux.

Jacques FRANCK le 3 décembre 2009

Sarkozy, je te vois !

Posted on : 20-05-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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La légende de l’Ascension par Jacques Franck.

Ce mercredi, le chanoine Nicolas était un peu fatigué. Il avait prononcé quatre discours fondamentaux, serré les mains de trois chefs d’états, promulgué six lois, inauguré un cimetière dans l’Aveyron, une cathédrale en Pologne, une prison de haute sécurité en Bretagne. En outre, après avoir présidé un Conseil des Ministres, il avait procédé, au Fouquet’s, à une remise de décorations au profit de chefs d’entreprises, d’artistes et de journalistes méritants.
En regagnant sa chambrette, il entendit son épouse Madame Carla qui se gargarisait harmonieusement en préparant son prochain album.
Souhaitant un peu de calme, il s’isola dans la bibliothèque, saisit un livre et l’ouvrit au hasard. Il lut : “Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu”. (Marc 16-9)
Touché par la grâce, il s’écria : “Putain, Carla ! Ils parlent de Moi dans la Bible ! L’Ascension, c’est demain, il faut que j’y aille. Téléphone à Bolloré, j’ai besoin de son Falcon à l’heure de la première messe !” “Oui, mon poulet !”
Il fut fait selon ses désirs. Le jeudi matin, l’avion, piaffant de ses trois réacteurs, attendait le président chanoine sur la piste de Villacoublay. Nombre d’ecclésiastiques en renom étaient là pour bénir la sainte entreprise. Sa Sainteté Monsieur Benoît lui-même s’était fait représenter par le nonce pontifical et quelques cardinaux.
Dans une apothéose sans pareille, le nouveau Seigneur accomplit son Ascension.
Hélas, en arrivant au ciel, Dieu, qui ne l’attendait pas, pointa vers le président un index courroucé et s’écria de sa belle voix de baryton :

JE TE VOIS, SARKOZY ! JE TE VOIS !

Le malheureux chanoine n’eut que le temps de retourner sur terre grâce à un parachute (doré) que lui avait prêté la patronne du MEDEF.

Jacques FRANCK, le 20 mai 2009

les tournées incessantes de Silvio Berlusconi, Nicolas SArkozy et du pape Benoit XVI

Posted on : 11-05-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Les bateleurs d’estrade par Jacques Franck.

Monsieur Nicolas, président de 53% des Français, co-prince d’Andorre et chanoine de Saint Jean de Latran, a une vie artistique bien remplie. Il passe infatigablement d’un gala à un autre. Un jour il décide de l’aménagement futur du grand Paris à la place du Conseil régional d’Ile de France, du Maire de Paris, des Parisiens. Un autre jour il va trancher sur les problèmes de l’hôpital, sujet où sa compétence est notoire. Pour garder la forme, il préside avec Madame Angela un meeting électoral à Berlin. Il l’aide à soutenir la droite européenne, en vertu de l’impartialité qui est un attribut de sa fonction. La tournée doit durer encore trois ans. Même son ami Johnny n’en fait pas autant.
Son autre ami, Monsieur Benoît, est en tournée, lui, au Proche Orient. Son numéro est bien au point. Contempteur des capotes, imprécateur de la sexualité, stigmatiseur de l’homosexualité, protecteur des prélats négationnistes, ancien membre de la Hitlerjugend, pape encore plus réactionnaire que ses prédécesseurs, il n’est pas certain de recevoir un accueil enthousiaste des Israéliens. Pourtant ces malheureux se sont infligé un gouvernement qu’il est difficile de qualifier de progressiste.
Leur complice, Monsieur Silvio, ne dépare pas l’ensemble, même s’il joue dans un genre différent. Sur le théâtre d’un tremblement de terre, il assimile les victimes à d’heureux campeurs en vacances. C’est gentil et ça console. Bellâtre septuagénaire richissime et prédateur, il divorce. Bien sûr, personne ne lui jettera la pierre pour ça. Mais il profite de cet “accident de la vie” très médiatisé pour parader sur les chaînes de télévision (dont il est propriétaire). Et régler ses comptes conjugaux devant ses millions de sujets. Devant une telle élégance, on s’incline.
Amateurs de spectacles, réjouissez-vous. La saison 2009 est riche en prestations de qualité.
Elle sera bien meilleure si, le 7 juin, vous envoyez au Parlement européen des députés de gauche, qui prendront le parti des peuples et pas des charlatans et bateleurs d’estrade.

Jacques FRANCK, le 11 mai 2009