A son réveil, le chanoine (de tous les Français) déclara à son épouse : “Je vire à gauche ! Je vais nationaliser les banques !”
Madame Carla, de stupéfaction, faillit en étouffer un la-bémol qui se préparait à sortir de son larynx. Puis elle songea à appeler le psychiatre de la maison. Elle renonça à cette entreprise, pensant à juste titre que ce malheureux praticien serait vite submergé par la tâche qui l’attendrait avec un pareil patient.
“Que veux-tu dire par là, mon poulet ?” demanda-t-elle à son seigneur et maître (de tous les Français).
“Je veux faire rendre gorge aux puissants qui grugent le peuple de notre beau pays. Leurs biens doivent revenir à la Nation ! Comme le disait à peu près mon estimé prédécesseur Louis XIV, la Nation, c’est moi !”
En vertu de quoi il nomma son secrétaire général adjoint à la tête de la nouvelle banque créée par fusion des Banques Populaires et de la Caisse d’Épargne Écureuil.
On assista ainsi à la chanoinisation des banques.
Jacques FRANCK 23 février 2009
Le chanoine arrose. Il arrose de milliards ses amis, les tenanciers des télévisions privées, à qui il transfère le pactole de la publicité qu’il arrache aux chaînes du service public. Il arrose de milliards les banquiers, sous prétexte de ne pas étrangler la vie économique du pays. Il arrose de milliards le grand patronat, baptisé “entrepreneurs”, ce qui sonne mieux que “patrons”. Après les avoir protégés par un bouclier fiscal qui leur évite les chagrins des impôts et qui coûte quinze milliards d’euros à vous et à moi, il n’a plus de limite à ses bienfaits. Vingt-six milliards “de relance” aux entreprises, six milliards aux constructeurs d’autos, huit milliards à tous par suppression de la taxe professionnelle. Et que les collectivités locales, bénéficiaires de cette taxe, crèvent.
Le chanoine saupoudre. Il saupoudre de petites centaines d’euros quelques contribuables du bas de l’échelle. Ceux qui sont trop pauvres pour payer l’impôt n’auront rien. Il en rajoute une pincée aux familles qui enverront leurs gamins à l’école à la rentrée. Il saupoudre un petit, tout petit pourcentage aux nantis qui connaissent le “chômage technique”. Sa générosité ne s’étend pas au SMIC ni à l’ensemble des salaires. Les bénéficiaires se contenteront de ce qu’ils ont. Elle ne s’étend pas non plus à la TVA. Elle est lourde pour le peuple, elle le restera.
Le chanoine saupoudre en Guadeloupe. Après les avoir méprisés pendant plusieurs semaines, il condescend à accorder à nos compatriotes antillais des miettes d’euros. Il continue à tout ignorer de leur misère, de leurs salaires minables, du coût des choses qui rend leur vie invivable, de leur exploitation cynique et féodale par les propriétaires des ressources agro-alimentaires.
Arrosant et saupoudrant, le chanoine-président Nicolas fait plaisir à sa copine Madame Laurence et aux “békés” antillais.
Mais il alourdit le contentieux qui l’éloigne des Français, d’ici et d’ailleurs.
Jacques FRANCK 21 février 2009