Les vœux du chanoine par Jacques Franck

Posted on : 01-01-2012 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Mes chers compatriotes,

C’est peut-être la dernière fois, si les forces du mal l’emportent au printemps prochain, que vous bénéficiez de mes propos pastoraux, dont la clairvoyance égale la modestie. Oui, la France va mal. Elle va mal car elle risque de me perdre. Il vous faut mesurer, mes chers sujets, la profondeur du gouffre où vous précipiterait un bulletin sacrilège dans les urnes. Urnes qui appellent de tout leur cœur un vote en faveur du meilleur d’entre vous, c’est à dire Moi. Ah ! Leur cœur, je le connais, il a souvent battu à l’unisson du mien. Mes chers fidèles, ne laissez pas se dévoyer le myocarde de l’isoloir ! Ne donnez pas vos voix aux imposteurs qui les sollicitent ! Ne m’envoyez pas grossir les queues qui se pressent (si j’ose dire) devant les guichets du Pôle Emploi , Moi, un père de quatre enfants !
Le chômage, citoyens et concitoyens chéris, voilà la plaie qui nous ronge ! Voilà l’unique objet de mon ressentiment ! Au chômage je consacre l’essentiel de mes présidentiels efforts. Avec, j’ose le dire, des résultats dont peu de mes collègues pourraient se targuer. Grâce à mon opiniâtreté et à l’intelligence de ma gestion, le nombre de chômeurs dans notre beau et grand pays, atteint presque les trois millions. Aucun de mes prédécesseurs n’a marqué un tel score. Aucun de mes éventuels successeurs ne dépassera, sinon ce chiffre, du moins la cadence que j’ai impulsée pour y parvenir et dont je suis humblement fier.
Mais, téléspectateurs que j’aime, la crise y est bien pour quelque chose. Certes, certes, mais mon talent, que chacun se plait à reconnaître, a su donner à la crise le coup de pouce qui est la marque du génie. Oui, l’emploi est, depuis cinq ans, la plus présente de mes préoccupations. Surtout le mien. Je veillerai à ce que ça continue.
Dans la délicate conjoncture que je gère avec tant de succès, votre santé, patriotes et compatriotes de mon âme, est un souci constant. Un peuple qui va bien ne peut pas être un peuple malheureux. Or si j’en juge par l’état du premier des Français, nous marchons vers un avenir radieux. Pas le moindre rhume, aucun accident cérébral, pas la plus petite fracture du col de mon fémur, nulle hémorroïde ne viennent entacher mon dévouement à votre service. Et au mien.
Pourquoi, devant un bilan aussi positif, continuer à gaspiller nos précieux euros à soigner des maladies fictives ? Pourquoi payer des médecins qui ne servent à rien, des hôpitaux qui entretiennent la paresse, des médicaments nuisibles ? Bien sûr, je ne parle pas des chercheurs dévoués à la cause publique, comme mon excellent ami Servier, qui a su, contre vents et marées, doter notre peuple du Médiator, si injustement décrié.
Aussi inutiles soient-elles, ces fameuses prestations doivent être financées. Si je vous disais le contraire, je n’aurais même pas besoin de me présenter à vos suffrages, chers électeurs. Mais il serait injuste de faire payer le prix de vos petits bobos à l’élite de notre peuple, le patronat. Désormais ce seront les consommateurs, vous, Moi, qui alimenteront directement les caisses de l’assurance maladie, des retraites, des accidents du travail, de la maternité. Oui, chers malades, bien portants, vieilles et vieux, femmes enceintes, nourrissons et autres citoyens, ma TVA deviendra sociale, comme toute mon action.

Et l’Éducation, me direz-vous ? En fait, vous ne me direz rien car c’est Moi qui parle ici et personne d’autre, putain !
Eh bien, j’y pense et j’agis. Citez-moi un seul politicien qui aura autant réduit le nombre d’enseignants, fermé autant de classes. Les instituteurs budgétivores, les professeurs gauchistes, les enfants adeptes du smartphone et de la kalachnikov, les parents sans foi ni loi n’ont qu’à bien se tenir avec Moi, amis républicains ! Quand l’école est un nid à problèmes, je la ferme.
Sur l’Europe, juste un mot. Une information, presque un aveu. Un scoop : avec Angela, c’est du sérieux ! Quand elle m’appelle, je viens. Quand elle me siffle, j’accours. Quand elle me parle, j’écoute. Quand elle sourit, je me couche. Quand elle commande, la France obéit. Réjouissez-vous, chers Européens. Le couple France Allemagne prend en main votre futur. Si du moins vous me laissez faire, bordel !
Je ne terminerai pas ce message de vœux sans évoquer mes subordonnés, mon équipe de seconds couteaux, mes comparses surdoués. Monsieur Claude Guéant, qui assure votre sécurité et vous protège contre les malfrats et les immigrés non français. Monsieur Xavier Bertrand, mon vizir du travail et de la santé, qui m’aide si efficacement à démanteler et le travail et la santé. Madame Roselyne Bachelot, qui ne fait rien et qui le fait si bien. Madame Valérie Pécresse, apôtre du Budget, qui aux côtés de Monsieur François, pas le Fillon mais le Baroin, conduit notre économie vers les cimes. Et, mes chers admirateurs, ces trois phares de l’intelligence française, mes amis David Douillet, Frédéric Lefèvre, Nadine Morano ! Je n’oublie pas les autres, les Longuet, les Besson, les Wauquiez, les Juppé, les Kosciusko-Morizet, les Chatel, les Le Maire. Plus les nombreux secrétaires d’État, humbles fantassins d’une grande armée que, tous ensemble, nous mènerons à la victoire, putain !

Français, Françaises, hommes, femmes et autres, Moi, votre président, de surcroît chanoine de Saint-Jean de Latran et co-prince d’Andorre, je vous souhaite une année 2012 pleine de bonheur, c’est à dire de Moi !

Pour Nicolas Sarkozy,

Jacques FRANCK 1 janvier 2012

La primaire du chanoine par Jacques FRANCK

Posted on : 08-10-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Monsieur Nicolas, chanoine et président de son état, se considère comme candidat naturel à sa succession. Mais, animé par un puissant sentiment démocratique, il décide de se soumettre à l’épreuve des primaires. Il s’adonne à
une réflexion profonde et consulte ses premiers et seconds couteaux habituels. A l’unanimité, une seule candidature alternative est retenue : lui-même.
Néanmoins, il veut jouer le jeu et se soumettre directement au peuple. Discours publics et bains de foule renforceront sa crédibilité et le désigneront candidat sans réserve au poste suprême.
Deux jours consécutifs, il est acclamé par des dizaines de milliers de personnes.
Pas la moindre opposition. Putain, se dit-il, c’est gagné, les peuples sont avec moi.
Les peuples d’Erevan (Arménie) et de Tbilissi (Géorgie).
Désormais, il est inutile de faire campagne à Paris.

Jacques FRANCK

Le chanoine sur le bateau par Jacques Franck

Posted on : 15-08-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Monsieur Nicolas, chef suprême des armées de la France, chanoine de Saint-Jean de Latran, coprince d’Andorre, président de la République, prenait un repos bien mérité dans le modeste cabanon de sa belle-mère sur la côte varoise. Il s’adonnait aux joies de la bicyclette, qui présentaient l’avantage inestimable de ne pas nuire à son peuple. Lequel peuple aurait vu d’un bon œil une prolongation illimitée du congé de son guide, dédié à la pratique exclusive du vélocipède.
Un matin, Monsieur Nicolas se réveilla l’humeur belliqueuse. Tapotant d’une main martiale l’épaule de Madame Carla, il  lui tint ce propos viril : “Bordel, first lady du Cap Nègre, c’est moi le grand chef ! La guerre, toutes les guerres, c’est Moi qui les fait, c’est Moi qui les gagne ! Je vais leur montrer, putain, de quel bois je me chauffe. Je sauve la vie des bons, je trucide les méchants ! Merde !”
“Oui, mon poulet, c’est toi le meilleur ! Autrement, je ne vois pas ce que je viendrais foutre ici, au milieu des gardes du corps, des flics, des barbouzes et des paparazzi !. Mais tu ferais mieux de pédaler encore un peu plutôt que d’agiter des sabres !”
Insensible aux conseils de Madame Carla, le chanoine siffla le premier hélicoptère qui passait. “Chauffeur, sur le pont du Charles de Gaulle ! Et que ça saute !”
Le porte-avions accostait justement à Toulon. Le chef suprême chaussa ses talonnettes, grimpa sur un tabouret, s’assura que les micros et caméras ne perdraient rien de ses paroles et de sa mine altière. Devant les marins et aviateurs au garde à vous, il prononça une allocution historique :
” Soldats ! Je suis content de vous ! Vous avez su jeter le fer et le feu de la France sur mon ancien très cher ami, l’infâme Kadhafi ! Évidemment, comme rien n’est parfait (sauf moi), vous ne l’avez pas atteint, et quelques dizaines de civils libyens sont allés rejoindre leurs ancêtres. Mais à la guerre comme à la guerre ! Frappez encore, frappez  toujours, frappez fort  et peut-être bien que l’infâme rendra l’âme ! Et n’oubliez pas que, du haut de vos “Rafale”, trois siècles de guerres coloniales vous contemplent !
Et l’Afghanistan, me demanderez vous ? Oui, en Afghanistan aussi, vous remplissez la mission civilisatrice de la France, aux côtés, là encore, de nos petits amis de l’OTAN.  Bien sûr, dans ce beau pays si conviviall, nous connaissons la glorieuse incertitude des armes. Nous l’éprouvons même un peu trop fort.  Mais courage, braves militaires ! Je suis à votre tête. Tant que ça durera (il se racla longuement la gorge), nous poursuivrons le combat jusqu’à la mort du dernier de nos ennemis héréditaires, et au besoin de nos alliés ! Vive la France, et  vive le grand chanoine qui l’incarne aux yeux du monde !”
Après ce discours, le parrain du porte-avions, Charles de Gaulle lui-même se retourna pesamment dans sa tombe.
Jacques FRANCK   14 août  2011

Les crabes du chanoine par Jacques Franck

Posted on : 30-06-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Madame Christine, grande vizire aux finances du chanoine président Nicolas, a été choisie comme remplaçante de Monsieur DSK. A la direction du FMI à Washington et non à l’hôtel Sofitel de New York. Sa place étant disponible, de forts appétits se sont aiguisés chez les vizirs de moindre catégorie. Tout le monde voulait commander à la gestion des sous de la France. Les rapports entre membres du même parti (l’Union pour les Manipulations Présidentielles) évoquaient l’amitié enrte crabes d’un même panier.
Monsieur François Baroin, en charge du Budget, se voyait bien changer d’étage à Bercy et occuper le poste prestigieux rendu disponible. Conscient de sa valeur, il va jusqu’à menacer de démissionner s’il n’est pas promu. La perspective faisait frémir. Reculant devant un tel danger, Monsieur Nicolas lui a accordé la place.
Madame Valérie Pécresse postulait également. Vizire de l’enseignement supérieur et de la recherche, elle contribuait ardemment depuis des années à leur déclin, mais voulait changer d’herbage. Elle tonnait, suppliait, grinçait. Le chanoine ne resta pas sourd à ses misères et lui attribua le ministère du Budget, lot de consolation.
Monsieur Bruno Le Maire, vizir brillant de l’agriculture, se rengorgeait en proclamant urbi et orbi que le chanoine, son maître bien aimé, lui avait promis la place de Madame Christine. Il n’avait pas de mots assez durs pour ses concurrents. Après son échec, il fit éclater sa colère, déclara reprendre sa liberté de parole – dont on ignorait qu’il l’avait abandonnée.
La sérénité et la fraternité de ces hauts personnages fait chaud au cœur de leurs administrés. Il va devenir indispensable de s’en débarrasser.

Jacques FRANCK 30 juin 2011

Les Pâques du chanoine par Jacques Franck

Posted on : 26-04-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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En ce beau week-end d’avril, Monsieur Nicolas, universellement connu comme président de la République et chanoine de Saint-Jean de Latran, grimpa avec sa suite dans un de ses aéroplanes. “Chauffeur, à Rome !” ordonna-t-il au commandant de bord. Conformément à son devoir d’obéissance et aux réglementations de la circulation aérienne, celui-ci obtempéra sans hésitation ni murmure. Moins de deux heures après, l’Airbus “Sarkoliner” posait ses roues sur une piste de Fiumicino.

Monsieur Nicolas avait rendez-vous avec son ami et homologue Monsieur Silvio, que les ennemis de la démocratie italienne appelaient Berlusconardo. Les deux seigneurs devaient discuter de la meilleure méthode pour repousser l’invasion de leur Europe par les Maures et les Sarrasins. Après un long débat, d’où il ressortait que la civilisation occidentale devait être protégée, Monsieur le président se dit soudain : “Putain de Dieu ! C’est Pâques ! J’allais oublier que, chef d’une nation laïque, je dois communier et me confesser !” Il se fit conduire au Vatican et sollicita un entretien avec son autre ami, Monsieur Benoît. La secrétaire, une charmante petite sœur de l’ordre de Sainte-Opercule à la cornette coquine, lui répondit avec un sourire aguichant : “Hélas, Monsieur, mon bien-aimé patron est surbooké, si vous désirez vous confesser, il va falloir vous inscrire sur une liste d’attente !” Monsieur Nicolas fit valoir son titre de chanoine. “Ah bon, rétorqua la mignonne, puisque vous êtes de la grande maison, c’est pas pareil !”
Une demi-heure après, il se retrouva face à Monsieur Benoît qui buvait une lichette de schnaps pour se maintenir en forme dans son confessionnal. Les deux amis tombèrent dans les bras l’un de l’autre, pour autant que la configuration du lieu le permettait.
-”Grand Saint-Père, je viens ouvrir à ta grandeur, à ta sainteté et à ta paternité mon âme d’enfant !
-Ach ! Chanoine de mon cœur, tu ne crois pas que tu en fais un peu trop, comme toujours ? Vas, je t’écoute.
A ce moment, une cloche de la basilique, reconnaissant le visiteur, sonna bling-bling. Monsieur Joseph but une gorgée de schnaps et en offrit à son client, qui refusa, il ne buvait jamais en se confessant;
-Papissime aimé, j’ai péché, mais c’est peu de choses en comparaison de mes bonnes actions.
Tu as forniqué, en dehors de tes devoirs sacrés envers Madame Carla, bénie soit-elle ?
-Euh..Non, mon pape. Pas trop.
Tu as tué ?
-Non, pas personnellement, mais je fais la guerre aux infidèles en Afghanistan !
-Ach, c’est bien. As-tu volé ?
-Saint-Benoît, les membres des saintes congrégations du CAC 40, du Fouquet’s et du MEDEF sont prêts à jurer que je n’en ai pas volé un seul.
Tu as menti ?
-Mon pontife, pas beaucoup plus que mes charges présidentielles ne m’y contraignent, et toujours pour la bonne cause, la mienne.
-Ach ! Péchés véniels que tout ça ! Maintenant, mon cher chanoine, raconte-moi un peu tes bienfaits. Il avala une gorgée de schnaps.
-Superpape, je fais tellement de bien à mon peuple que j’en rougirais si j’étais modeste.
Je veille, avec l’aide de mes coadjuteurs du gouvernement à ce que des revenus excessifs, un pouvoir d’achat disproportionné ne viennent pas corrompre la moralité des braves gens et appauvrir les riches. A l’évocation d’une telle abomination, les deux hommes se signèrent.
Luttant contre la paresse et l’accroissement des charges de mon patronat, j’ai allongé la durée du travail et obligé les fainéants à prendre leur retraite plus tard. Ça ne peut que faire du bien aux vieux de se remuer le cul au lieu de se dégrader le corps et l’âme à se reposer. Malheureusement, mon peuple ne l’a pas compris et les mauvais esprits ont osé manifester contre Moi. Tu te rends compte, Saint-Père, contre Moi ! Putain !
Je chasse des écoles sans dieu des milliers d’enseignants budgétivores qui bourrent d’inepties blasphématoires les âmes simples de ce peuple.
Je ferme des hôpitaux, je réduis le nombre des médecins et des infirmières, je ne fais plus rembourser des soi-disant médicaments. Les prétendus malades se porteraient beaucoup mieux s’ils faisaient confiance à la bonne nature, et pratiquaient, comme moi, un jogging qui ne coûterait rien à la collectivité.
Je suis un apôtre de la laïcité, la vraie, celle qui me reconnaît le droit, le devoir, même, de combattre les religions impures et de rejeter hors de mon royaume leurs adeptes, avec la collaboration de mes sous apôtres, Monsieur Guéant ou Monsieur Hortefeux.
Je me glorifie d’avoir tenté de purger ma belle France d’éléments incontrôlés ethniquement et socialement impurs, les Roms. Hélas, ils ont trouvé des défenseurs. Mes ouailles, pape adoré, ne sont pas parfaites.
Je reconnais avoir prêté en sous-main une oreille attentive aux justes propos de Madame Marine et m’en être parfois emparé, de crainte que cette garce perfide ne me mette en grande difficulté lors du renouvellement de mon mandat l’an prochain. Je prie humblement le Seigneur d’y mettre bon ordre.
-Ach ! Brave et bon chanoine, digne représentant de la fille aînée de mon église ! Je reconnais tes vertus et je t’accorde une absolution de première catégorie ! ” Il vida sa fiole de schnaps.

A ce moment, Monsieur Jésus Christ, qui venait justement de ressusciter, fit irruption dans le confessionnal en affichant une sainte colère.
“Nom de Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Vous n’avez pas honte, tous les deux ? C’est comme ça que vous interprétez mes préceptes ! Allez, foutez-moi le camp d’ici !” Et il but un bon coup d’eau bénite.

Jacques FRANCK 23 avril 2011

Intervention française en Côte d’Ivoire

Posted on : 13-04-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Petit conte présidentiel par Jacques Franck.

En mai 2012, les Français votèrent pour s’affubler d’un Président de la République.
Au second tour, deux candidats restèrent en lice. Monsieur Jean-Maurice se réclamait de la gauche, toutes tendances confondues. Son programme, bien que timide, ne déplaisait pas au peuple, lassé des incartades et des mauvais coups de
son prédécesseur. Monsieur Nicolas était justement le prédécesseur en question.
Il représentait la droite, toutes les droites. De surcroît il se prévalait du beau titre de chanoine, que lui avait conféré son ami Monsieur Benoît, pape à Rome dans le civil.
Très content de son quinquennat, Monsieur Nicolas souhaitait remettre le couvert et compléter la liste de ses forfaits. Il comptait encore pas mal d’adeptes, qui se recrutaient parmi les bénéficiaires de ses générosités, les riches notamment.
Les électeurs choisirent Monsieur Jean-Maurice, qui recueillit 54% des suffrages.
Monsieur Nicolas dut se contenter de 46%. Il ne s’en contenta pas. Monsieur Jean-Maurice fut proclamé Président de la République française. Monsieur Nicolas contesta. Il chaussa ses talonnettes, grimpa sur une estrade, se racla longuement la gorge, réprima quelques mouvements involontaires de son joli minois et, faisant référence à un très ancien chef d’état, déclara : “Putain ! L’état, c’est moi !”
Il s’enferma dans son bunker de la rue du Faubourg Saint-Honoré avec son épouse Carla (qui se serait bien passée de cette publicité), son fils Jean, le phare des Hauts de Seine, et une bonne poignée de fidèles (Monsieur Frédéric Lefebvre, Madame Nadine Morano, des intelligences de haut niveau, Madame Roselyne Bachelot, dite la grosse Louloute, et d’autres d’acabit équivalent). Monsieur Claude Guéant lui fournit une escouade de protection, des sbires munis d’armes lourdes (pistolets 7,65, mitraillettes Sten, une ou deux kalachnikovs, un poignard malais).
L’affaire était grave. Les Parisiens se divisèrent en pro-Jean-Maurice et pro Nicolas. On se cassa un peu la gueule dans les rues de la capitale. Le président élu s’installa avec ses ministres à l’Hôtel Crillon, promu au rang de siège du gouvernement de la France. Les puissances étrangères grondèrent, reconnurent Monsieur Jean-Maurice comme seul interlocuteur. Avec d’autant plus de bonne volonté qu’elles n’avaient que trop connu Monsieur Nicolas.
Le Conseil de Sécurité fut saisi. Il élabora une résolution numéro 1980, enjoignant à la communauté internationale de faire ce qu’elle avait envie de faire. Sur mandat de l’ONU, la Côte d’Ivoire, grande amie de la France, envoya quelques commandos aguerris et une escadrille d’hélicoptères Gazelle armés de missiles.
Lorsque l’affaire fut mure, un bataillon de la Garde Républicaine fidèle au président Jean-Maurice attaqua le bunker de Monsieur Nicolas et le captura. Sans qu’à aucun moment les commandos ivoiriens aient mis les pieds dans un bureau ou un bunker de l’Elysée. Mais juste avant leurs hélicoptères avaient arrosé le lieu de missiles incendiaires.
Grâce à la solidarité internationale et aux vaillants Ivoiriens, la légalité républicaine fut rétablie en France.

Jacques FRANCK
13 avril 2011