Ce matin-là, le sifflement des réacteurs de deux avions déchira les tympans des habitants de la grande ville. Un vaste bâtiment, qui faisait l’orgueil du pays s’effondra. Dans les heures et les semaines qui suivirent, on dénombra des milliers de morts. La nation ainsi frappée mettra des années à guérir des suites de ce crime.

Le 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, un coup d’état militaire, inspiré par la CIA américaine, dirigé par le général Augusto Pinochet, appuyé par les classes possédantes, mettait fin à la démocratie chilienne. Les appareils de l’armée de l’air attaquaient le palais de la Moneda, où le président élu Salvador Allende se suicidait. Des arrestations massives remplissaient les stades de Santiago,

Valparaíso et autres villes. Pendant des mois et des mois, la police et l’armée torturèrent et assassinèrent les communistes, les socialistes, les démocrates, les opposants de toutes opinions. Seule l’émigration permit à nombre d’entre eux d’échapper au massacre. Une poigne de fer s’abattit sur le Chili, d’où l’idée même de démocratie fut bannie.

Mais le grand frère US était content. Un foyer de subversion disparaissait d’Amérique latine. Et, surtout, les grandes compagnies d’exploitation du cuivre pouvaient rassurer leurs actionnaires.

Jacques FRANCK 8 septembre 2011