La Fête par Jacques Franck.

Je n’ai jamais changé de camp. Mes premières manifs remontent au temps du Front Populaire. Le poing levé, je chantais l’Internationale. J’avais raison. Après la guerre, j’ai manqué peu de manifs et de grands meetings. Toujours du même côté. J’ai crié, chanté (mal), exprimé mes colères et mes joies. Évidemment, j’ai aussi reçu quelques coups de pied au cul. J’avais toujours raison. Non que je détienne la Vérité révélée, mais les causes qui me motivaient étaient toujours justes, celles des peuples contre leurs exploiteurs, leurs ennemis.
Aujourd’hui, je suis très vieux, j’ai bientôt 84 ans. Je ne change pas. Je ne supporte pas l’état dans lequel le chanoine-président veut mettre le pays, en le vidant de son passé républicain. Je ne supporte pas que quelques quarterons de “décideurs”, de “managers”, bref de grands patrons et de manipulateurs de l’argent imposent leurs lois à mes compatriotes, de tous pays. Je récuse le chômage, la misère, l’asservissement aux groupes financiers, la mondialisation au profit des puissants. Je refuse la dégradation de nos services publics, de l’Enseignement, de la Santé,de la Justice. Je ne veux pas d’une Europe à l’image des conseils d’administration, mais d’une Europe de liberté et de démocratie. J’ai encore raison.
Et c’est parce que j’ai raison que je vais, aujourd’hui Premier Mai, manifester avec des millions de mes camarades. On va faire la Fête. La Fête des travailleurs, la Fête des peuples.

Le vieux Communiste

Jacques FRANCK, le 1er mai 2009