Le chanoine et le maharadjah
Posted on : 10-12-2008 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib
Mots-clefs :chanoine, Gandrange, Lakshmi Mittal, maharadjah, New Delhi
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Monsieur Lakshmi Mittal n’est pas vraiment un maharadjah. Mais sa fortune, la quatrième du monde, nous autorise à le parer de ce titre. Monsieur Mittal, comme son nom l’indique à peu près, fait de l’acier. Dans ce domaine, il est le premier du monde, une sorte de super-maharadjah. Entre autres joyaux de sa couronne, il possède depuis 2006 le groupe sidérurgique européen Arcelor (France, Espagne, Luxembourg).
Monsieur Lakshmi Mittal affiche des conceptions sociales limitées, pour ne pas dire rabougries. Il est partisan de la suppression des allocations de toutes sortes et se déclare résolument opposé aux syndicats. Du social, il n’aime que les plans.
En janvier 2008 à New Delhi, rencontre de deux titans : le maharadjah Mittal et Monsieur Nicolas, chanoine bien connu en voyage d’état, se congratulent et mangent ensemble les petits fours de l’amitié. Ils se revoient quelques jours plus tard à l’Élysée.
Quinze jours plus tard, cédant à son péché mignon, Monsieur Mittal, décide de licencier quelques centaines d’ouvriers à l’usine Arcelor de Gandrange. Monsieur Nicolas, n’écoutant que son courage civique et sentant remuer sa fibre révolutionnaire, se précipite à Gandrange. Il agite son sabre de bois et tient un de ces discours anticapitalistes dont il est seul à détenir le secret. Il promet une aide de l’État à l’entreprise pour la redresser. Entre parenthèses, c’est un propos scandaleux : les contribuables français vont donc faire une aumône au détenteur de la quatrième fortune mondiale ?
Puis le chanoine rengaine son sabre et passe à autre chose.
Monsieur Lakshmi Mittal aussi.
En décembre 2008, la crise économique s’est développée.. Par la diversité de ses productions, Arcelor la subit moins que d’autres industries. Le maharadjah se frotte les mains. Il va enfin pouvoir mettre sur le pavé 1400 salariés de Gandrange, ne pas faire de chagrin à ses actionnaires, négocier au besoin une fusion-absorption avec un autre groupe dans des conditions favorables.
Et le chanoine, dans tout ça ? il ne va certainement pas obliger son ami à renoncer à ce projet. Peut-être le fera-t-il bénéficier de son plan de relance…
Jacques FRANCK 10 décembre 2008