La déontologie et le lynchage
par Jacques Franck.

Je ne connais pas personnellement Johnny Halliday. Je l’ai juste vu une fois sur la scène de l’Olympia. Je ne connais pas non plus le chirurgien qui l’a opéré à Paris, je n’avais jamais entendu parler de lui jusqu’à ces derniers jours. Mon ignorance est grande : je ne sais rien des médecins de Los Angeles qui l’ont ré-opéré. Je n’ai pas lu les éléments du dossier qui ont autorisé l’entourage de l’idole des jeunes à parler de “massacre opératoire”. C’est peut-être vrai, peut-être faux. Ce n’est pas la question de fond.
Mais je veux dire deux ou trois choses :
-Nul ne peut porter une accusation aussi grave sans en présenter les preuves. Or il ne semble pas que mes confrères californiens aient étayé leurs affirmations par la publication d’éléments concrets et probants. Leur conception de la déontologie et de l’indispensable discrétion professionnelle les empêche probablement de diffuser leur compte-rendu opératoire urbi et orbi. Totalement d’accord. Mais alors on se tait complètement.
-L’exhumation à grand fracas des antécédents judiciaires du chirurgien français, sans le moindre rapport avec l’affaire Johnny, est scandaleuse.
-On assiste à une chasse à l’homme dans presque tous les médias. Le lynchage se prolonge matériellement par une agression et un passage à tabac.

Qui trouve son intérêt à une telle manipulation de l’opinion, en contradiction avec les traditions de prudence et d’équité qui devraient être celles de la presse ?

Docteur Jacques FRANCK, le 13 décembre 2009