Les femmes, le sexe et le saucisson sec
Posted on : 23-06-2010 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib
Mots-clefs :femme, sex ratio, sexe
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Les femmes par Jacques Franck.
Les uns disent qu’elles représentent la moitié de l’humanité, d’autres affirment qu’il y a 1,06 femme pour un homme, ce qui impliquerait une très légère supériorité numérique. Ils appellent ça le « sex ratio ».
Comme s’ils voulaient rationner le sexe. Ça ne me plaît pas. Je suis contre les restrictions, surtout celle-là. Déjà, quand j’étais adolescent, je ne pouvais guère supporter les restrictions de viande, de pain, de cigarettes, et de bien d’autres choses. Par contre, on ne rationnait pas le sexe, ce qui, rétrospectivement, me surprend, si je tiens compte des abominations idéologiques et de l’ordre moral de Pétain, ses Cardinaux, ses Académiciens, ses Amiraux, ses policiers et ses ministres. Ces salauds ont dû oublier le sexe. Ou bien ne pas savoir ce que c’est. Ou bien les proxénètes courtisans du régime en profitaient. Ils accumulaient de gros bénéfices en vendant du sexe aux copains, aux coquins, aux fascistes et aux gestapistes.
Peut-être souhaite-t-on rationaliser le sexe, ce qui me plonge dans des réflexions contradictoires. Philosophiquement, je ne suis certes pas grand chose. Mais je me définis comme rationaliste, abhorrant le contraire du rationalisme, encore que je ne puisse pas facilement préciser ce qu’est ce contraire. J’y flaire toutefois des notions qui ne me plaisent guère et me ramènent à l’idéalisme, allant de la religion jusqu’aux conneries bêlantes que la télévision se plaît parfois à véhiculer. Bien que rationaliste, je ne sais pas comment les préceptes qui guident ma pensée, en supposant que j’en sois pourvu, sont applicables au sexe. Je me contenterai de ne pas chercher à introduire dans le sexe les éléments constitutifs de la Raison pure. Je ne vois d’ailleurs pas comment j’y parviendrais, ni à quoi ça servirait.
Il serait louable que je cesse de ratiociner sur le sexe, et que j’en vienne aux choses sérieuses.
Mon intention, si j’arrive à suivre les méandres de mon hypothétique pensée, est de parler des femmes. Le sujet n’est certes pas indépendant du sexe, mais il ne s’y réduit pas. Le prétendre relèverait d’une mentalité sexiste, misogyne, réactionnaire. Inversement affirmer l’absence de rapport entre ces deux entités serait hypocrite et mensonger. Je me libère de cet amalgame et je déclare que j’ai depuis la nuit des temps, du moins les miens, une forte inclination pour les femmes.
J’en excepterai celles dont le menton ou les cuisses s’ornent d’une pilosité drue, celles dont la méchanceté transparaît sous un fourbe sourire, celles qui ont consacré exclusivement leur vie à un ou plusieurs dieux (il n’y a aucune raison de privilégier dans mon ostracisme les adeptes d’un culte monothéiste ), celles qui ne m’aiment pas du tout, celles qui bavent, celles qui lisent en s’en délectant les vieux ouvrages antisémites d’Edouard Drumont ou de Charles Maurras, celles qui ont les pieds palmés, celles qui ont honte de libérer avec sérénité leurs gaz intestinaux ou leurs pulsions lubriques, celles qui ont plus de dix-neuf enfants du même père, celles qui chantent trop, celles qui ne chantent pas assez, celles qui trichent à la belote (que je puis débusquer, ne m’adonnant pas personnellement à ce noble art ), celles qui ne sont pas des femmes celles qui détestent les chats, celles qui essayent de me faire manger des poireaux ( peu s’y sont risquées), celles qui louent aux passants des chaises dans les jardins publics pour une somme dépassant les limites de l’honnêteté, celles qui portent une ceinture noire de Tae-kwon-do et usent de cette supériorité pour me faire peur, celles qui ont le dos couvert d’écailles vertes et ne cherchent pas à s’en débarrasser, celles dont la consubstantielle connerie éclate au grand jour (chez les hommes, c’est pire), celles heureusement pas très nombreuses sous nos climats qui sont abonnées à “la Semaine de Suzette” ou, pire, à “Minute”.
Je n’aurai garde d’omettre celles que je n’aime pas, celles qui ne se lavent pas les deux pieds au cours de la même séance, celles qui prisent du tabac de mauvaise qualité, celles qui votent contre mes intérêts, celles dont le mari ou le concubin sert sa patrie dans les Croix Fléchées ou les Bérets Verts et qui l’approuvent.
J’ajouterai à cette liste des exclues de mon amour universel celles qui sont beaucoup trop vieilles, celles qui me refusent un croque-monsieur, celles qui ne rigolent jamais, celles qui rigolent toujours, celles qui urinent sur le siège passager de mon automobile (l’espèce en est rare ), celles qui, animées par des intentions cupides, jonglent sur leur ordinateur avec le CAC 40, celles qui psalmodient des chants grégoriens, celles qui élèvent des chèvres dans ma salle de bain, celles qui vouent un culte posthume à Monsieur Adolphe Thiers, celles qui souffrent de la Fièvre Pourprée des Montagnes Rocheuses, celles qui sont xénophobes, celles qui ne dorment que d’un œil et ne font rien de l’autre, celles qui sont maigres, celles qui sont géantes, celles qui ont moins de vingt-deux ans, celles qui pèsent moins de quarante-cinq kilos ( à quelques exceptions familiales près), celles qui cultivent les psychanalystes..
Mais ma bonté et ma concupiscence s’étendent aux unijambistes, aux stéatopyges, aux femmes enceintes entre quatre et six mois et demi, aux rouquines ornées de taches de rousseur, aux institutrices titulaires, aux auxiliaires féminines de l’Armée de Terre, aux joueuses d’accordéon sur le port de Douarnenez, aux trayeuses de vaches placides (j’ai peur des autres), aux secrétaires, aux scoliotiques légères, aux prostituées à l’ancienne (celles de mes vingt ans, que je crains toutefois frappées d’obsolescence à l’heure où je vous parle), aux sourdes-muettes, aux borgnes éclairées par un tendre sourire, aux caissières de cinémas quand ce ne sont pas des hommes, aux quinquagénaires un peu molles, à celles qui ressemblent à Veronica Lake ou, à défaut, à Sharon Stone, à celles qui ne craignent pas d’arborer une paire de seins ni trop profus ni semi-atrophiques, et même si ça tombe un peu ça n’a pas d’importance, au contraire ) Et à bien d’autres.
Morphologiquement, les femmes appartiennent de plein droit à l’espèce humaine et en affichent, souvent glorieusement, les caractéristiques anatomiques. Je ne dirai pas qu’elles possèdent le nombre de bras, de jambes, de têtes, de pancréas, de vertèbres et de veines caves inférieures réglementaire. Une vérité aussi évidente n’a nul besoin d’être énoncée : c’est un truisme.
Il est un autre truisme : les femmes se distinguent des autres individus par un ensemble de composants spécifiques que l’on désigne sous le nom de “caractères sexuels secondaires”. A cette évocation, je sens se décupler mon affection pour les femmes. Je ne vais pas expliquer pourquoi. Ce serait encore un truisme. Et je risquerais d’écrire des choses pas convenables aux yeux de la morale conventionnelle. Mais je n’en pense pas moins. J’en pensais plus quand j’avais trente ans de moins.
D’aucuns prétendent que les femmes n’ont pas d’âme. C’est une imbécillité. Dans la mesure où personne n’a d’âme, les femmes ne se distinguent pas du reste de l’humanité et il n’y a pas lieu de leur faire un mauvais procès.
Sauf cas contraire, les femmes sont plus fines, voire statistiquement plus intelligentes que les hommes. Elles n’en ont que peu de mérite, ce n’est pas difficile.
Par contre, j’ai remarqué que les femmes aiment beaucoup moins le saucisson sec que leurs partenaires masculins. Et là, tant qu’un juste rétablissement n’interviendra pas, ça pèsera lourd dans la balance de l’égalité des sexes.
Jacques FRANCK