Le chanoine Nicolas, après une année de nuisances ininterrompues au service de la France, jouissait d’un repos estival dans la villa de son épouse,dans le Var au Cap Nègre. Preuve qu’il n’est pas raciste. Il venait de frapper (ou tout au moins d’essayer) un grand coup contre l’insécurité en excommuniant les immigrés, les délinquants, les Roms et autres gens du voyage. Il prouvait ainsi la hauteur de son sens moral et l’élévation d’esprit de ses acolytes, Messieurs Brice et Eric (le traître Besson).
“Mais, lui susurrèrent en catimini sa conscience et son for intérieur, qu’est la morale, sans la religion ? Fais quelque chose, grand chanoine, pour faire plaisir à ton vieux pote le pape, Monsieur Benoît !”
Il convoqua Monsieur André, cardinal-archévêque de Paris, Monsieur le Nonce apostolique, Monsieur Jean-Marie Bigard, expert en spiritualité , Madame Christine Boutin, croyante professionnelle, Monsieur Frédéric Lefebvre, apôtre du dentifrice présidentiel, Monsieur Claude Guéant, secrrétaire général de l’Élysée, Madame Nadine Morano, fleuron de l’intelligence française, et encore quelques sommités.
“Putain, s’écria-t-il du fond du cœur, putain ! Je veux fêter , à l’approche du 15 août, la seule, la vraie Sainte Vierge, celle qui s’élèvera dans les Cieux en proclamant la gloire du Seigneur et surtout la mienne !”
L’aréopage sacré examina des candidatures.
Madame Christine (Lagarde) ne fut pas retenue, elle était trop chère et n’avait pas le look.
Madame Rachida aurait convenu, mais le chanoine, qui ne l’aimait plus,opposa un veto féroce.
La candidature de Madame Roselyne, mise en avant par le chanoine lui-même, qui éprouvait à son égard une attirance bizarre, suscita dans l’assistance une tele houle de rigolade, que son supporter n’insista pas.
Madame Rama Yade, dont la vue provoquait chez les vieillards présents une concupiscence de mauvais aloi, fut précipitamment retirée de la compétition.
Un flatteur avança le nom de Madame Carla, first lady de l’Élysée. Les sages virent là un risque de conflit d’intérêt. On passa à une autre.
Madame Fadela Amara, pour qui toute promotion est bonne à prendre, déclara vouloir se sacrifier au bien public et accepter de pratiquer l’Assomption. Personne n’en voulut.
Finalement, l’unanimité se fit. Sous les acclamations de tous, on vit, drapée dans une sobre robe de vison et de zibeline, s’élever la Vierge de l’année, Madame Liliane Bettencourt.

Jacques FRANCK 8 août 2010