La cage aux suspects par Jacques Franck

Posted on : 22-06-2011 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Je n’ai pas violé une femme de ménage. Je n’ai pas comploté contre les Etats Unis d’Amérique. Je n’ai pas tenté de démolir une tour de Manhattan. Je suis un inoffensif octogénaire. Et pourtant…
Le lundi 20 juin, à l’aéroport newyorkais de Newark où j’attendais le vol me ramenant en Europe, on m’a fort mal traité. Passant aux contrôles de sécurité comme tout le monde, ayant déposé sur le tapis roulant, mon sac, ma veste, mon portable, mes chaussures et tous les objets criminogènes en ma possession, je me présente devant le portique de détection des métaux. Je me dépouille de ma ceinture et
retiens mon pantalon avec mes mains.
C’est alors que tout a basculé. Aux yeux d’une escouade de défenseurs de la Loi US, format balèzes de bande dessinée, je suis devenu un suspect type Ben Laden, voire DSK. On me place dans une espèce de cage, on me fait prendre une attitude étrange, debout; penché en avant, on me passe un scanner corporel à la recherche d’armes cachées, les mains plaquées sur une paroi. Comme ça ne devait pas être suffisant, les hommes de la démocratie me soumettent publiquement à une fouille au corps humiliante. Ils me disent sur
un ton brutal des choses que je ne comprends pas: je ne pratique pas la langue de Shakespeare (lequel n’a pas grand-chose à voir avec ça). Heureusement, ils ne comprennent pas plus la langue de Molière, car la teneur de mes propos tenait de l’outrage à agents de la force publique. Finalement, ils extirpent du fond de mes poches un mouchoir propre et un tissu à lunettes. Ils me relâchent et conservent ma ceinture en cuir, que j’ai eu bien du mal à récupérer.
Je ne sais pas pourquoi j’ai eu seul, droit à ce traitement de défaveur. J’ai pas tué, j’ai pas volé. Mais le principe de précaution m’a jeté dans la cage aux suspects.

Jacques FRANCK 22 juin 2011

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