Madame Roselyne et la Morale par Jacques Franck.

Nous avions presque oublié Madame Roselyne. C’eût été dommage. Cette femme de bien, joignant la compétence au désintéressement, déploya naguère l’étendue de ses qualités face à la terrible épidémie de grippe AH1N1 qui ne ravagea pas notre pays. Elle poussa même le dévouement en achetant, à nos frais, quelques dizaines de millions de doses d’un vaccin dont la cote a baissé de façon consternante sur le marché de l’occasion. Personne n’en voulait.
Or, faisant violence à sa modestie, Madame Roselyne se souvint qu’entre autres casquettes, elle est ministre des sports. A ce titre, ne reculant devant aucun sacrifice, elle vola en Afrique du Sud et fit don de sa personne à l’équipe de France. Les glorieux footballeurs connaissaient des difficultés mineures, bien que leurs talents soient universellement reconnus.
Accourue à leur chevet, leur vizire de tutelle les consola sur son sein généreux. Puis elle les morigéna, leur rappelant que la grandeur de la France impose à ses représentants une moralité exempte du moindre dérapage.
Les joueurs l’écoutèrent, dirent “Merci, Maman”, et perdirent tous les matchs.

Jacques FRANCK 22 juin 2010