Les bracelets électroniques en maison de retraite

Posted on : 31-05-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Les vieux et le progrès par Jacques Franck.

Jusqu’au XIX° siècle, une aimable tradition mettait la société à l’abri des trublions en enfermant et en enchaînant ses rebuts : les malades mentaux, les filles perdues, les classes dangereuses (entendez par là les ouvriers), les vieillards. On avait prévu à cet effet des institutions diverses, asiles, prisons, bagnes, hospices. Tout ça fonctionnait harmonieusement, à la satisfaction des classes non dangereuses.
Puis les mœurs se sont relâchées. Tout ce joli monde s’est éparpillé dans la nature, mettant en péril, sinon la sécurité, du moins la bonne conscience des braves gens. Ils perçurent, dans la liberté des dits rebuts, un signal alarmant : leur société n’atteignait plus la perfection dont ils se rengorgeaient.
Les vieillards devenaient indécents, les pauvres surtout. Ils s’obstinaient à vivre au delà des limites que l’ordre des choses leur avait assignées jusqu’à présent. Comme il fallait bien les mettre quelque part, on affina la notion d’hospice. On vit pulluler les maisons de retraite. Je me garderai d’en critiquer le principe et d’en nier l’utilité. Mais en ambiance libérale et même ultra-libérale, il y a là une excellente occasion, pour les propriétaires de tels établissements (particuliers ou groupes financiers) de placements fort rémunérateurs. A condition toutefois de ne pas multiplier les frais inconsidérés, tels qu’une débauche de personnels de soins et de surveillance.
Comment alors éviter fugues et espiègleries chez des individus ne se contrôlant pas toujours très bien ?
Amis de l’ordre, rassurez-vous : les dirigeants de certaines maisons ont trouvé la solution. L’exemple vient de haut. S’inspirant des méthodes prônées par le chanoine et Madame Rachida en matière pénitentiaire, ils munissent leurs pensionnaires de ces fameux bracelets électroniques, qui maintiennent sous surveillance constante leurs heureux porteurs. Et ça coûte moins qu’une aide soignante.

Gambadez, joyeux vieillards : Big Brother ne vous quitte pas des yeux.

Jeannine FRANCK Enseignante
Jacques FRANCK Médecin et vieillard le 31 mai 2009