Le Père Noël et le Petit Jésus

Posted on : 24-12-2008 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

Mots-clefs :, ,

0

Il va, genoux cagneux et barbe crapoteuse,
Sur son traîneau pourri traîné par un vieux chien,
Buvant du Negrita, et tirant sur un joint,
Chez les gamins pervers, les gamines rêveuses.

Sa femme Mélanie, une accorte rombière,
Bien égoïstement reste au fond de son lit
En attendant Jésus, l’ami de son mari :
Ce jour-là, justement, c’est son anniversaire.

L’amant de Mélanie pénètre dans la chambre.
Toujours propre sur lui, estimé du curé,
Ce jeune homme, imprégné du sens de l’amitié,
Ne trompe son copain, chaque année, qu’en décembre.

Le couple irrégulier s’adonne à la luxure.
Sur ces ébats douteux, jetons un voile épais.
Cependant, le mari va livrer ses jouets.
Il n’est pas au courant de sa mésaventure.

Il est vieux. Il est bête. Il est perclus d’arthrose.
Le cerveau ravagé, le geste trémulant,
La houppelande sale et les pieds dégoûtants,
Noël est devenu une bien pauvre chose.

Le vieillard est soudain envahi par l’angoisse.
Le doute existentiel assaille son esprit :
Presque partout, sur terre, on ne croit plus en lui.
“Si je n’existais pas, nom de Dieu, quelle poisse !”

Le terrible soupçon l’accable de tristesse.
Il boit un coup de rhum, allume sa radio.
C’est alors qu’il entend un flash de France-Info :
Sa femme bien-aimée se livre aux jeux de fesses…

Son seul ami, Jésus, en est hélas ! complice.
Il dit : “Non seulement je n’existerais plus,
Mais en outre, à mon âge, je serais cocu !
C’en est trop !” Il glissa dans un néant propice.

Jacques FRANCK 24 décembre 2008