Le sabre et la laisse (conte moral)

Posted on : 12-03-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Feu le grand Charles aimait le sabre. C’est normal, il était général. Il affichait notamment un faible pour le sabre nucléaire, celui qui surpasse tous les autres.Comme il n’était pas outrageusement porté sur la guerre, il s’en servait avec modération, le faisant cliqueter dans des déserts où, en principe, il ne tuait personne. Mais ce peu était encore trop. Il eût mieux valu ne pas s’en servir du tout.
Feu le grand Charles n’aimait pas être tenu en laisse. Ce n’était pas la moindre de ses qualités. Il voulait garder son sabre nucléaire et les autres pour son usage exclusif, au seul service du pays qu’il honorait de sa paternelle tutelle (la France).
Or la France se trouvait précisément entravée par une laisse, nommée OTAN, alors aux mains de Monsieur Lyndon Johnson, un Américain pas bien tranquille. En 1966, le grand Charles secoua la laisse. Il déclara à Monsieur Lyndon qu’il était assez grand pour avoir le droit de s’ébrouer comme il l’entendait. Pour faire bonne mesure, il pria sur un ton qui ne souffrait pas la contestation les soldats et aviateurs américains qui vivaient (bien) en France de changer de terrain de camping. Ce qui fut fait.
Bien des années plus tard, le trône du grand Charles supportait les tristes fesses du petit chanoine Nicolas. Visiblement, la laisse manquait à ce personnage. Il le fit savoir aux tenanciers de l’OTAN, Monsieur George W. d’abord, puis Monsieur Barack. Bien sûr, ils n’avaient aucune raison de refuser un nouveau subordonné. Monsieur Nicolas frétilla en pensant que deux généraux français occuperaient des postes de commandement au bout de la laisse. Il tendit le cou pour qu’on la lui passe, Lui, chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran, co-prince d’Andorre, président de la République, s’affirmait comme maître (adjoint) du Monde ! En outre, il créait deux nouveaux emplois en temps de crise !
Il se rengorgea longuement.
Mais le peuple, toujours ingrat, ne voulait plus de la laisse.
Ni du sabre.

Jacques FRANCK 12 mars 2009

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