Le film “Home” de Yann Arthus-Bertrand

Posted on : 06-06-2009 | By : vincent | In : Les propos du vieux toubib

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Je n’ai jamais tué le moindre ours blanc par Jacques Franck.

J’ai vu “Home”, le film de Yann Arthus-Bertrand. C’est un superbe document sur la Terre et les menaces qui pèsent sur elle. On ne peut que souscrire à son SOS sur notre avenir. Mais :
Je subodore une tendance moralisatrice et culpabilisante. Ou bien je n’ai rien compris, ou bien l’homme est dénoncé comme parasite et prédateur de la planète. Le développement de ses activités et le souci de son confort seraient les causes principales des dégradations de la nature. Le réchauffement du climat et la fonte des neiges seraient imputables à un modèle de consommation égoïste et, à la limite, criminel. C’est un peu bref comme interprétation, même si ça comporte une part de vérité.
Huit hommes sur dix consomment peu et mal. Ils ne profitent pas des ressources de la planète. Ils habitent en Afrique, en Asie, en Amérique latine Les deux autres vivent mieux. Ça ne les rend pas pour autant responsables des phénomènes présentés dans le film. Si je me lave les cheveux et les dents, si je conduis ma voiture, si je mange du bœuf, si j’allume le chauffage l’hiver, je n’affame aucune espèce animale, je ne fais pas fondre les neiges du Kilimandjaro. Je ne participe pas non plus à la misère des peuples du sud. Je refuse d’être stigmatisé.
Par contre, certaines formes d’exploitation des ressources naturelles et de transformations industrielles contribuent à ces dégradations. Sur ces responsabilités-là, le film est muet. Je m’attendais à la mise en accusation des énormes féodalités économiques et financières qui saccagent et défigurent notre environnement.Malheureusement rien sur les groupes agro-alimentaires (Monsanto, Nestlé par exemple). Rien sur les pétroliers (Total), pollueurs par cupidité de la terre et des mers. Rien sur les trusts de la sidérurgie (Mittal), qui détruisent les hommes par milliers et engraissent leurs actionnaires. Rien sur les géants du Bâtiment et des Travaux publics (Bouygues, Vinci), qui défigurent tous les sites qui leur tombent sous la main. Rien sur les banques et autres institutions financières, qui soumettent la vie des hommes à la loi de la rentabilité.
Yann Arthus-Bertrand ne pouvait pas dire ça. Pourquoi ? Son film est produit par un groupe commercial (Pinault-Printemps-Redoute). On ne tire pas sur ses alliés.
Dommage.

Jacques FRANCK, le 6 juin 2009